La réforme de 1972 et la refonte de 1978[]
- La réforme de 1972 raya de la liste de très nombreuses routes, notamment dans la deuxième série de numéros, de 301 à 856. Les routes déclassées ont été transférées aux départements et ces derniers ont démantelé en quelques mois le travail de près de deux siècles. Pour plus de détails se référer à l'article sur la nomenclature des anciennes routes nationales françaises.
- Le réseau national conservé - parfois avec des modifications de tracé absorbant des routes départementales - dessinait une nouvelle ossature complémentaire du réseau autoroutier en plein essor. Cependant il devint évident que l’ancienne nomenclature était inadaptée à la nouvelle consistance du réseau national en laissant apparaître nombre de tronçons orphelins et d’itinéraires enchaînant les numéros sans cohérence. D’un autre côté, la modernisation du réseau routier avec son lot de nouvelles rocades, périphériques, voies express, boulevards urbains et autres voies de liaison au réseau autoroutier engendrait un besoin croissant d’attribution de nouveaux numéros.
- C’est ainsi qu’une refonte de la nomenclature a vu le jour grâce à deux circulaires édictées en 1978. Cette nomenclature a fait l'objet d'un travail informatique pour conserver une cohérence au réseau routier, tout particulièrement dans le choix du numéro commun à des sections auparavant distinctes. C'est à cette occasion que les nouveaux itinéraires des routes nationales ont été désignés par un numéro et un itinéraire pour la dernière fois.
- De nombreuses routes changèrent alors de tracé et d’autres furent renumérotées en réempruntant des numéros laissés libres par la vague de déclassements. En plus d’une restructuration de la numérotation existante, cette nouvelle nomenclature impose aussi une simplification des numéros employés par l’abandon des adjonctions "bis", "ter", "a", "b", etc…, de telle manière que les routes numérotées de la sorte, ainsi que toutes les routes nouvellement créées ou classées devaient également puiser dans le vivier de numéros de seconde main.
Extraits de la circulaire du 27 février 1978 |
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Circulaire n°78-34 du 27 février 1978 relative à la numérotation et à la nomenclature des routes nationales.
Paris, le 27 février 1978. Le ministre de l'équipement et de l'aménagement du territoire à Messieurs les préfets. A la suite de l'intervention des arrêtés pris en application de l'article 66 de la loi n°71-1061 du 29 décembre 1971 (transfert des routes nationales dans la voirie départementale) la numérotation des routes maintenues dans le réseau national présente des solutions de continuité qui nécessitent une remise en ordre. Je vous prie de trouver ci-joint :
Ces documents ne comportent pas les routes nationales secondaires soumises à transfert dans les départements qui ne se sont pas prononcés et celles dont le déclassement a fait l'objet d'une convention d'étalement. Vous noterez que, conformément aux usages en la matière, le tronc commun à plusieurs routes nationales est considéré comme rattaché à la voie qui porte le numéro le plus faible. Je vous invite à prendre des dispositions pour rectifier en tant que besoin la signalisation en place ; cette opération devra être terminée pour le 1er janvier 1979 au plus tard. Je tiens enfin à souligner que les changements de numéro sont sans conséquence sur le caractère de "route à grande circulation" des sections en cause qui conservent ce caractère sous leur nouvelle numérotation. Michel Fève |
- Cette numérotation de route nouvelle ou renumérotation d’une route existante suivait généralement quelques principes, même si les règles n'ont pas toujours été suivies avec une égale constance suivant les lieux et les périodes :
- Emprunt d’un numéro disponible, même si cela n’a pas empêché l’apparition de quelques déplorables doublons, dont le cas le plus connu n’est ni plus ni moins que celui de la RN104 (Axe historique Loriol - Privas - Aubenas et Francilienne) !
Borne sur la RN273 au Sud-Ouest de Besançon. © Lloyd_cf
- Appariement du nouveau numéro avec l’ancien, ou appariement du numéro de la voie nouvelle avec celui de la voie, route nationale ou autoroute, qu’elle complète. C’est le cas le plus fréquent. Souvent, on ajoute ou modifie le chiffre des centaines, parfois celui des dizaines, quelquefois, on travaille au niveau des unités (la RN7 possède ainsi des annexes numérotées RN107 et RN207).
- Emprunt d’un numéro disponible, même si cela n’a pas empêché l’apparition de quelques déplorables doublons, dont le cas le plus connu n’est ni plus ni moins que celui de la RN104 (Axe historique Loriol - Privas - Aubenas et Francilienne) !
- Le nouveau numéro était dans certains cas attribué de manière à être intégré dans la région où il se situait, notamment s'il s'agissait d'un numéro nouveau non apparié et d'une route locale. Même si la nomenclature de 1978 s'arrête à la RN580, il reste des vestiges de l'ancien système de numérotation (Numérotation 3xx au Nord et autour de Paris, 4xx dans le Grand Est et 5xx dans le Sud-Est). Une exception notable concerne la RN215, qui n'était ni une route nouvelle et qui ne reprenait pas d'anciennes routes nationales : on se contenta d’établir une sorte d’ajout à la série préexistante.
- Dans quelques cas récents, on a rapproché le numéro de la voie nouvelle avec celle du département où elle se situe, par exemple la RN844 à Nantes.
- C'est également avec cette nouvelle nomenclature que l'on complète à partir de cette époque le vide laissé par l'ancienne nomenclature entre les numéros 213 et 300, ce qui reflète la volonté d'attribuer désormais n'importe quel numéro à trois chiffres pouvant être disponible.
- L’adoption de cette nouvelle nomenclature marqua néanmoins la fin du certain ordre établi par le système précédent. En effet, on trouvera désormais pèle-mêle dans une même tranche de nombres les axes les plus divers quant à leur nature, leur situation géographique et la formation de leur numéro.
Les routes nationales à quatre chiffres (RN1xxx et RN2xxx)[]
PR 68 de la N2162 au Sud-Est de Mayenne. © Padawan53

Piquet d'échangeur au nom invraisemblable sur un rond-point à La Fourche (71). © Lloyd_cf
- Au fur et à mesure de la création de nouveaux tronçons routiers classés dans la voirie nationale, notamment de rocades et de voies de liaison, il s'avéra que le système imposé par la nomenclature révisée en 1978 arrivait à saturation. De plus, il semble que l'on rechignait à dépasser un certain seuil dans les numéros à trois chiffres situé aux alentours de 600 pour la voirie non liée au réseau autoroutier.
- C’est alors que fut créé le principe d’une nomenclature à quatre chiffres en 1xxx et 2xxx (xxx étant le numéro de la route), plus ou moins réservée aux aménagements locaux de doublement ou de dégagement d’une route existante, et qui se conforment à un schéma de classement et de déclassement bien établi et prévisible.
- Deux cas étaient alors envisagés :
- La route existante garde son numéro RNxxx : la nouvelle route qui s’y embranche prend le numéro RN1xxx.
- La route nouvelle prend le numéro existant RNxxx : il s’agit alors d’un changement de tracé et l’ancienne route prend le numéro RN2xxx, dans la perspective d’un déclassement ultérieur (qui a pu se concrétiser dans de nombreux cas lors de la réforme de 2005).
- On notera que ce mécanisme s'applique également lors de la mise en service d'autoroutes libres de péage.
- Cette nomenclature, formant des numéros d’une manière commode, souffre toutefois d’un inconvénient : elle attribue le même numéro à tous les nouveaux embranchements - ou à tous les délaissés suivant le cas - se trouvant le long de l’axe considéré, ce qui engendre un effet de tronçonnement qui peut se révéler compliqué à appréhender (cf. les multiples localisations de la RN2094). Sur les documents administratifs, on individualise les différents tronçons en ajoutant un numéro, par exemple : RN2094 02. Cette indication n'est en principe jamais portée sur le terrain, de sorte que le cas de la RN1083.1 forme une exception notable. Au niveau du repérage, dans la plupart des cas, les Points Repères reprennent ou sont dupliqués à partir de ceux de la route principale, ce qui n'engendre normalement aucune ambigüité. En ce qui concerne la signalisation, les préfixes 1 et 2 n'apparaissent pas toujours sur les panneaux et les bornes, surtout si une gestion rigoureuse avait prévu une mise à jour des numéros précédemment indiqués. Il arrive d'ailleurs souvent que les cartouches soient absents des panneaux de signalisation.
- Cette nomenclature connaît cependant des exceptions, il n’est qu’à prendre exemple des RN1162 et RN2162 qui correspondent toutes deux à des voies nouvelles, malgré une normalisation bien établie.
- Signalons pour finir qu’il existe une nomenclature complémentaire concernant les bretelles de certaines voies express en RN9xxxyy (6 chiffres !) où xxx est le numéro de la route et yy un numéro d’ordre.
Cas particuliers dans la nomenclature contemporaine[]
- Toutes les règles de numérotation précitées ont été, dans la majorité des cas, suivies de manière globale. Cependant, nous trouvons des exceptions et des irrégularités, peu nombreuses certes, mais qui méritent d'être soulignées.
- Notons par exemple l’emploi marginal de numéros en 9xxx dans l'Est de la France, y compris (curieusement) des annexes de l'ex-RN3 près de Verdun intitulées "RN9003".
- D'autres cas, comme les RN202Bis, RN7Bis ou encore la RN61A, méritent d'être mentionnés en tant que singularités dans la nomenclature contemporaine, car ils ont été utilisées pour dénommer des axes nouveaux réalisés à une époque récente alors que l'usage des exposants est théoriquement abandonné.
- L'usage des suffixes se retrouve également sur certaines voies rapides de la région parisienne, par exemple les RN118A/RN118B et les RN186A/RN186B. Le suffixe A désigne la voie principale et le suffixe B les voies collectrices latérales.
La réforme de 2005[]
- Face à la concurrence d'un réseau autoroutier qui s'est densifié depuis les années 1970, il a été décidé de transférer un très grand nombre de routes nationales aux départements entre 2006 et 2008 pour créer un réseau à vocation nationale et internationale.
- Si elle a le mérite de créer un réseau plutôt homogène, cette vague de déclassement a engendré une renumérotation en routes départementales de la majorité des routes nationales existantes selon des règles très diverses d'un département à un autre ! Pour plus de détails se référer à l'article sur la nomenclature des anciennes routes nationales françaises.

Ce qu'il subsiste de la RN401 à Saint-Denis en direction de Paris : quelques hectomètres de bitume. © GPS Nico
- Plusieurs textes servent actuellement de référence pour connaître la consistance du réseau routier national :
- Le décret n° 2005-1499 du 5 décembre 2005 qui définit les axes routiers et autoroutiers que l'Etat conserve.
- L'arrêté du 29 mai 2005 portant constitution des directions interdépartementales des routes.
- Les multiples et épars arrêtés préfectoraux de transfert donnent ainsi par différence de nombreux renseignements sur la nomenclature en vigueur fin 2005. Ces documents réunis ont démontré qu'il n'existait plus réellement de nomenclature actualisée, et par conséquent fiable, du réseau routier national étant donné qu'un grand nombre de décisions étaient prises à un niveau décentralisé.
- Conséquence de cette dernière réforme, des axes historiques comme la RN23 disparaissent. D'autres, comme la RN3, sont réduits à leur plus simple expression ou sont scindés en tronçons sans rapport les uns avec les autres, telle la RN1. Certains finissent désormais en cul-de-sac sur des routes départementales ou des routes nationales déclassées, comme les RN122, RN124 ou RN202. Pour rendre homogène la numérotation de ces sections restantes et reprendre une nomenclature qui était déjà hétéroclite avant la réforme, une nouvelle nomenclature semblerait indispensable même si elle n'est visiblement pas d'actualité. En 2008 et 2009 ont toutefois été entrepris quelques retouches dans la numérotation des RN subsistantes, les plus évidentes et faciles à réaliser à moindre coût comme l'absorption de la RN333 par la RN4 ou encore l'intégration de la RN132 à la RN13.
- Le réseau des routes nationales n'a que peu évolué au cours de la décennie 2010. Seuls quelques tracés abandonnés par suite de déviations ou des sections terminales de routes nationales comme la RN150 près de Royan ont été déclassés. Plusieurs projets de transferts à des collectivités locales volontaires ont été évoqués mais seul celui de la Collectivité européenne d'Alsace a effectivement abouti au 1er janvier 2021. L'Etat a cédé à cette collectivité qui regroupe les départements du Bas-Rhin (67) et du Haut-Rhin (68) l'aménagement et l'exploitation de l'ensemble du réseau routier national (routes et autoroutes), hors Eurométropole de Strasbourg qui récupère également les routes situées sur son territoire.
- Une nouvelle réforme prévoit le transfert d'autoroutes et de routes nationales non concédées à des départements et des métropoles, ainsi qu'une mise à disposition à des régions au 1er janvier 2024 sur la base du volontariat. Peu de collectivités locales ont accepté le principe d'un transfert qui leur donne certes des marges de manœuvre, mais au prix d'une faible compensation financière. Il en résulte également un plus grand morcellement du réseau routier dans sa gestion et ses investissements, sans que l'efficacité de ce nouveau transfert soit démontrée.